Les jeux d’évasion avaient déjà été le sujet d’un long-métrage à la limite du nanar, sorti en DVD sans passer par la case ciné – nous en parlions ici en février 2018. Cette fois, le thriller psychologique « Escape Game » est d’un calibre bien plus important. Il est porté par un beau petit budget (9 millions de dollars), de grands distributeurs (Sony/Columbia), quelques acteurs connus (Deborah Ann Woll vue dans « True Blood », Taylor Russell vue dans « Perdus dans l’espace », Logan Miller vu dans « Love, Simon ») et un réalisateur, Adam Robitel, qui s’est déjà fait remarquer en 2018 avec « Insidious: The Last Key ».
Tous ces arguments ont fait mouche aux États-Unis, où « Escape Game » a pris un excellent départ : pour son premier week-end d’exploitation, les 5 et 6 janvier 2019, le film a terminé deuxième du box-office, engrangeant 18 millions de dollars de recettes et dépassant ainsi toutes les prévisions. Trois semaines plus tard, il figurait toujours au sein du top 10, à la 9e place.
Détail amusant : outre-Atlantique, le long-métrage s’appelle « Escape Room », titre que le distributeur français (Sony Pictures) a décidé de franciser en le nommant… « Escape Game » ! En France contrairement à la majorité du reste du monde, les recherches Google attestent en effet que l’on parle davantage d’« escape game » que d’« escape room » (voir notre infographie pour plus d’informations).
« Escape Game » sort en salles ce mercredi 27 février 2019 et nous avons eu l’occasion de le découvrir début janvier, lors d’une projection destinée à la presse.
Le scénario
« Six personnes se retrouvent dans une situation incontrôlable où seule leur intelligence leur permettra de survivre. »
Notre avis
Tout commence grâce à un mystérieux cube impossible à ouvrir, qui rappelle les boîtes casse-têtes sur lesquelles tous les fans d’escape game se sont déjà cassé les dents dans une salle. Percer son secret, c’est pouvoir profiter d’un cadeau, une partie au sein de l’enseigne Minos Escape Room, qui s’autoproclame « escape game le plus immersif au monde » et dont le jeu affiche… 0% de réussite.
Voilà donc nos six protagonistes installés dans l’espace d’accueil de Minos Escape Room. Ils ne se connaissent pas et s’apprêtent pourtant à faire équipe ensemble, ce qui peut sembler étrange aux Européens que nous sommes mais est tout à fait plausible aux États-Unis : en Amérique du Nord, la majorité des escape games fonctionnent sur le modèle des « public rooms », c’est-à-dire que si la capacité maximale de la salle n’est pas atteinte, il est possible qu’une autre personne ou un autre groupe se greffe à votre team.
Sans le savoir, ces six personnages s’engagent évidemment dans un jeu mortel, comme le laisse clairement sous-entendre le sous-titre du long-métrage, « Sortir ou mourir ».
« Escape Game » est globalement divertissant et ses acteurs sont crédibles. Le film réussit à transmettre une tension et une forme de suspense : comment vont-ils s’en sortir ? Quel prochain piège vont-ils affronter ? Il faut dire que les décors et l’immersion proposés par ce jeu fictif sont prenants et impressionnants. Les quelques énigmes que l’équipe doit résoudre, pour la plupart collaboratives, sont de plus assez bien conçues et donnent envie de jouer – si on exclut le fait de risquer sa vie, bien sûr. Pendant que les personnages cogitent, vous aurez peut-être compris ce qu’ils doivent effectuer et donc anticipé leurs actions, étrange et agréable sensation ! Le film fait plutôt honneur à l’escape game, on pressent que le réalisateur et/ou les scénaristes ont écumé quelques rooms et savent de quoi ils parlent.
Les personnages principaux sont au nombre de six et auraient mérité d’être davantage développés. L’un d’eux, Danny (Nik Dodani), est un habitué des jeux d’évasion et joueur aguerri dans lequel vous vous reconnaîtrez peut-être. C’est par sa voix que tous les codes et règles de l’escape game sont expliqués aux spectateurs néophytes : les téléphones ne sont pas admis, un game master est là pour aider l’équipe si besoin, le jeu débute par la fouille de la salle pour trouver des indices, etc. Danny vous fera sans doute sourire, il cite tout un tas d’enseignes, évoque le côté addictif des escape rooms… Il transmet aussi l’idée que les passionnés sont à la recherche de l’immersion la plus totale possible, même si cela implique de se faire un peu bousculer émotionnellement. Oui, Dany, c’est un peu vous et nous !
La dernière partie du film, en revanche, ne nous a pas convaincus. D’abord parce que les ultimes salles de la room n’ont pas grand intérêt en termes de jeu, et que ce qui s’y déroule tourne à la caricature. Ensuite parce que les scènes finales s’enchaînent un peu comme on enfile des perles… Sans doute le réalisateur tenait-il à ancrer son film dans la réalité, ou pensait-il devoir des explications aux spectateurs. Sans doute voulait-il aussi amorcer un éventuel « Escape Game 2 ». Toujours est-il qu’Adam Robitel aurait selon nous gagné à achever son long-métrage plus tôt, quitte à laisser planer quelques mystères.
La trame globale du film nous a beaucoup fait penser à la série des « Cube », même si ses rebondissements ne parviennent malheureusement pas à être aussi surprenants. « Escape Game » n’est pas un chef d’œuvre mais il se regarde sans effort, et les fans d’escape room devraient facilement se prendre au jeu. Pour une fois, pendant le traditionnel verre de debriefing avec votre équipe, vous commenterez des énigmes que d’autres auront résolues pour vous.
« Escape Game », d’Adam Robitel, en salles à partir du 27 février 2019.
Scénario : Bragi Schut et Maria Melnik. Genre : thriller psychologique.
Pays : États-Unis/Afrique du Sud. Durée : 100 minutes.
Avec Deborah Ann Woll, Taylor Russell, Logan Miller, Tyler Labine, Nik Dodani, Jay Ellis…
Découvrez la bande-annonce :