Dimanche 19 novembre 2017, 14h35, nous sommes entourés d’une douzaine de personnes et montons l’interminable escalier en colimaçon qui mène au donjon du château de Vincennes. Nous voici arrivés au 4e étage, espace habituellement fermé au public, aux larges murs de pierre et au sol poussiéreux. Un pilier central est couvert de graffitis « qui datent de la Seconde Guerre mondiale », nous informe-t-on. Au milieu de la pièce, deux personnages en costumes d’époque : le premier porte une perruque et une tenue blanche ; le second, jupe, chemisette et châle rose, tient un gros trousseau de vieilles clés. Ici et là des coffres fermés à double tour, des objets suspects et des portes cadenassées qui nous empêchent d’avancer…
Pendant 60 minutes, nous allons être projetés en 1749, à l’époque où le donjon de Vincennes, un des plus hauts d’Europe (50 mètres), était une prison d’État. Une prison qui n’accueillait pas n’importe qui… Henri IV, Mirabeau ou encore le marquis de Sade y sont passés. Notre mission : enquêter sur une trouble affaire. Voici le briefing officiel, disponible sur le site web du château de Vincennes : « Des prisonniers qui divaguent, des portes cadenassées, des messages suspects… Rien ne va plus dans la prison de Vincennes. Serez-vous assez rapide pour déjouer le terrible complot se tramant entre les murs épais du donjon ? » L’intrigue vous sera présentée de manière beaucoup plus concrète et précise une fois sur place.
L’escape game du château de Vincennes, « Prisonnier du donjon », est éphémère et pour l’instant jouable uniquement certains samedis et dimanches. Dès sa première édition, en mars 2017, il a été pris d’assaut, à tel point que l’événement a été prolongé au moins jusqu’en mars 2018.
Un escape game historique immersif…
Une super immersion : quoi de mieux, pour être projetés en 1749 dans le donjon d’un château, que d’évoluer au sein d’un vrai donjon, entourés de comédiens en costume d’époque ? L’escape room du château de Vincennes propose une super immersion. Vous explorerez plusieurs pièces réparties sur une centaine de mètres carrés, qui contiennent des éléments de décoration et où vous pourrez presque tout manipuler.
Une enquête inspirée de la réalité : l’affaire que vous démêlerez est inspirée de faits réels, et lors du debriefing de la mission vous en apprendrez beaucoup sur l’histoire des lieux. L’enquête est d’ailleurs assez bien ficelée et plutôt corsée. Elle place les deux personnages au cœur de l’intrigue, par conséquent vous devrez parler aux comédiens, les questionner voire les cuisiner, un gameplay agréable et original. Ces comédiens, membres de la compagnie de la Petite Main, ont d’ailleurs participé à la création du jeu.
Des énigmes classiques qui fonctionnent bien : le jeu est composé de peu de manipulations, de pas mal de fouille et de réflexion, et de beaucoup de lecture : vous serez immergés au cœur d’une histoire, devrez apprendre à connaître des personnages, leurs habitudes et leur personnalité…
Bonus : lorsque la météo le permet, l’expérience s’achève par la découverte de la terrasse du donjon et de son impressionnante vue à 360° sur Paris.
… mais des conditions de jeu pas idéales
Chaque session accueille un groupe de 15 personnes maximum, or le nombre d’énigmes qui composent le jeu est à peu près égal à celui que l’on trouve dans un escape game dense classique. Conséquence : certains pourront rester spectateurs de l’aventure. En outre, l’espace étant très grand et le déroulé de la partie non linéaire, vous ne pourrez pas tout suivre et il pourra vous arriver de découvrir bien après qu’une énigme a été résolue. La clé pour réussir cette enquête ? Communiquer, collaborer, faire part de ses découvertes… ce qui, à 15, représente un sacré challenge ! Une fois la partie terminée, nous avons laissé traîner nos oreilles, et « frustrant » est un mot que nous avons entendu à plusieurs reprises dans la bouche de nos coéquipiers d’un jour.
Oui car, ces coéquipiers, nous ne les connaissions pas avant de prendre part au jeu : sur le modèle des « public escape rooms », très courantes en Amérique du Nord mais rares en Europe de l’Ouest, les 15 places par session sont vendues à l’unité : si vous venez à cinq, vous jouerez donc avec dix inconnus. Pas évident, en 60 minutes seulement, de briser la glace, de proposer une répartition des tâches pendant le jeu sans savoir dans quel état d’esprit sont vos coéquipiers. Bien entendu, si vous tombez sur des personnes sympas et/ou sur la même longueur d’ondes que vous, l’expérience pourra être super, mais si vous avez la poisse elle sera forcément moins agréable.
Plusieurs formules disponibles
A l’origine créé pour les familles, le jeu possède aujourd’hui plusieurs formules :
– Une version famille, ouverte aux enfants de plus de 7 ans : 15€ par personne.
– Une version adulte : 30€ par personne.
– Privatisation de l’escape game pour un groupe de 10 à 15 personnes : 35€ par personne, dates sur demande, tous les jours à 10h, 11h, 14h ou 14h30. Cette dernière formule est celle que l’on vous conseille pour profiter au maximum de l’expérience.