Les jeux n’ont pas fini de s’inviter au sein des sites patrimoniaux, qui voient là l’opportunité d’élargir et de rajeunir leur public. Après le château de Vincennes, c’est au tour de la basilique Saint-Denis de proposer son escape game. Cette église de style gothique qui surplombe la ville de Saint-Denis, à 5 kilomètres au nord de Paris, est un concentré d’histoire. On parle souvent de sa célèbre crypte comme de la « dernière demeure des rois de France », et pour cause : 42 rois, 32 reines, 63 princes et princesses y furent inhumés. « L’imposant le dispute à la majesté », comme dirait l’enchanteur Merlin dans « Kaamelott »…
Depuis fin 2017, un escape game y est régulièrement proposé à la tombée de la nuit : « Le dernier secret de la reine ». « Participez à une expérience exceptionnelle entre enquête historique et jeu de rôle, novatrice, respectueuse de ces lieux chargés d’histoire », promet le site web de la basilique Saint-Denis, qui sait comment nous mettre l’eau à la bouche.
À savoir avant de vous lancer dans l’aventure :
- Le jeu se déroule dans la crypte de la basilique royale, éclairée à la bougie. Il faut donc être à l’aise avec la pénombre.
- Portez des vêtements chauds et non salissants.
- Le jeu ne dure pas 60 minutes mais 1h30. Prévoyez environ 2h30 de présence au total.
Le scénario
« Nous sommes le 13 octobre 1793, à Saint Denis, à la tombée du soir. La jeune République n’a pas un an. La veille, la main puissante de la République s’est abattue sur le temple de la mémoire monarchique. On a commencé le grand débarras des rois défunts, l’ouverture des caveaux royaux de l’église de Saint-Denis. Pour éviter les désordres du mois d’août, le chantier des exhumations est fermé au public, et étroitement surveillé la nuit. Voici que le bon Germain Poirier, commissaire des Monuments français et chargé à ce titre d’observer les travaux comme tout érudit qu’il est, vous invite à visiter le nouveau chantier. Les caveaux des souverains, la crypte… cela ne se refuse pas ! Pour une fois que vous vous donnez du temps libre, vous devriez avoir le cœur léger. Mais alors, d’où vous vient ce pressentiment ? »
Un cadre magique, entre statues et tombeaux
Une immersion exceptionnelle. Votre espace de jeu ? La crypte souterraine de la basilique et ses vieilles pierres, ses statues, ses tombeaux… Impossible de faire mieux. Ce lieu magnifique et solennel est plongé dans l’obscurité, ce qui le rend encore plus impressionnant : les seules sources de lumière sont les (fausses) bougies que chaque joueur se voit confier au début de la partie. Les organisateurs prennent même soin de couvrir d’un voile noir tout élément anachronique susceptible d’atténuer l’immersion.
Des comédiens parfaits. Au cours du jeu, vous rencontrerez plusieurs personnages incarnés par des acteurs de la compagnie La Petite main, qui était déjà à l’origine de l’escape game du château de Vincennes. Vêtus de costumes d’époque, jamais à court de repartie, ils insufflent bonne humeur et énergie, jouant le rôle de game masters tout en campant leurs personnages, ce qui est loin d’être évident. Leur présence rend l’aventure très agréable.
Un jeu pédagogique bien construit
Entre l’escape game et l’enquête. Les organisateurs annoncent « un jeu d’enquête original, différent des simples escape games, car il tient à la fois du jeu d’escampette (escape game) mais aussi de l’enquête (mystery game) ». Cette description est très fidèle à la réalité. Pour progresser dans le jeu, vous devrez résoudre des énigmes que l’on pourrait tout à fait trouver dans un jeu d’évasion classique. Ce faisant, vous débloquerez des éléments qui, eux, révéleront des informations utiles à la résolution de l’enquête.
L’escape game « Le dernier secret de la reine » a été créé par les comédiens qui le portent et leur travail doit être salué car il est de qualité :
- Le jeu compte pas mal de fouille, un sacré challenge dans la pénombre ! La réflexion est également bien présente, avec des énigmes intéressantes, parfois surprenantes. Enfin, les manipulations n’ont pas été oubliées, certaines sont même très originales voire audacieuses étant donné le lieu où l’on se trouve.
- Il s’agit d’une vraie enquête, comme dans un bon vieux Cluedo : interrogez les personnages et observez leurs attitudes, scrutez les moindres détails, essayez de reconstituer le fil des événements… Attendez-vous à quelques rebondissements ! Résoudre cette affaire est à la portée de tous, sous réserve d’avoir récolté toutes les informations nécessaires.
Révisez l’histoire de France en s’amusant. Les comédiens distillent quelques faits historiques tout au long du jeu, qui lui-même est ancré dans le contexte de la Révolution française. Quelques jours avant la partie, on vous enverra d’ailleurs une petite fiche récapitulant les principaux événements survenus en 1792 et 1793. Profitez-en pour commencer à vous plonger dans l’ambiance ! Le lendemain, vous recevrez un épilogue qui récapitule le scénario et démêle les éléments fictionnels de ceux qui se sont vraiment déroulés. Cet escape game, c’est un peu la sortie scolaire qu’on aurait adoré faire quand on était enfants.
Une immense frustration
Cette expérience a l’air géniale, vous dites-vous. Oui, elle devrait l’être, elle a tout pour l’être ! C’est sans compter le nombre de participants qui y prennent part, jusqu’à 15 personnes par session en principe (le soir de notre test, nous étions 18). Sur le modèle des « public escape rooms », très courantes en Amérique du Nord mais rares en Europe de l’Ouest, ces places sont vendues à l’unité : si vous venez à cinq, vous jouerez donc avec une dizaine d’inconnus. Il est déjà compliqué de communiquer et de s’organiser lorsqu’on forme une équipe de six joueurs qui se connaissent bien, alors imaginez à 15 personnes qui viennent de se rencontrer !
Malgré une pertinente division de l’équipe en trois sous-groupes imposée par les organisateurs, chacun avec des rôles différents, le jour de notre test la mayonnaise n’a absolument pas pris. Le jeu s’est transformé en un « joyeux bordel », pour reprendre l’expression d’une des comédiennes : une cacophonie qui aura duré entre 1h30 et 2 heures – le temps octroyé a été allongé car le groupe avait du mal à progresser. Beaucoup de joueurs n’écoutaient rien, pas même les comédiens, ne communiquaient pas avec les autres, ne se concertaient qu’avec eux-même avant de foncer bille en tête. Résultat : une frustration d’autant plus grande que le jeu est super sur le papier, l’impression de ne pas en avoir profité, d’avoir tourné en rond sans vraiment avoir joué. Les comédiens eux-mêmes ont conscience des problèmes liés au nombre de participants, ils essaient de s’adapter au mieux mais ne peuvent pas faire de miracle.
La configuration des lieux n’aide pas : les énigmes sont réparties dans un immense espace et il est forcément très difficile de suivre tout ce qui s’y déroule.
Des sessions prises d’assaut
Seule une date annoncée n’est pas complète : le 18 mai 2019 à 20h30. « Nous en avions ajouté six autres sans faire aucune communication, et toutes les places sont très vite parties », nous confiait Sylvie Koch, chargée des actions éducatives à la basilique Saint-Denis. Réservez au plus vite si cette aventure vous intéresse !
« Le dernier secret de la reine », l’escape game de la Basilique Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).
Places limitées à 15 joueurs par session. 40€ par joueur. À partir de 15 ans.