Bunker Game
Science-Fiction
1 à 8 joueurs
Difficile
👌 Parfait
Anglais, Hongrois
Fouille
Manipulation
Réflexion
Sur le papier, l’escape room « Bunker Game » donne inévitablement envie de prendre le premier avion pour Budapest. Ce jeu vous attend d’ailleurs près de l’aéroport, à 30 minutes en bus du centre de la capitale hongroise. De quoi s’agit-il exactement ? C’est très simple : une fois à l’intérieur de ce (vrai) bunker anti-atomique bâti dans les années 1940, qui s’étend sur une surface de 900 m², vous aurez 100 minutes pour remplir votre mission puis vous échapper ; pour cela, vous devrez explorer et traverser dix pièces. « Le bunker est indestructible, il peut résister à une bombe chargée de 500 kg d’explosif », peut-on lire sur le site de l’enseigne. Autant dire qu’une fois à l’intérieur vous serez en sécurité.
Ce format de 100 minutes est l’un des trois proposés par BunkerGame! : vous pourrez également opter pour une durée de jeu de 60 ou 20 minutes. En bons marathoniens de l’escape, nous avons évidemment choisi le format le plus long ! Une fois votre réservation confirmée, vous recevrez un copieux mail de briefing ainsi qu’un ordre de mission, que l’on vous récapitule ci-dessous.
Le scénario
« Votre objectif est d’infiltrer un bunker qui abritait un projet top secret pendant la guerre froide : il cachait un atelier de conception d’armes chimiques. Selon notre agence, qui a recueilli des informations en provenance d’un scientifique repenti, ce projet serait toujours d’actualité aujourd’hui au sein du bunker. Notre informateur nous a envoyé des objets qui vous serviront tout au long de votre mission : un bout de papier sur lequel est inscrit un code, un fusible, un miroir, un appareil photo, un virus informatique, un récipient à échantillons et un décodeur radio. Vous trouverez tout cela dans une valise qui vous attend à l’intérieur d’un camion militaire garé dans la cour. La mission démarrera lorsque vous l’aurez récupérée. Vous ne rencontrerez aucun membre du staff avant votre mission. Vous aurez quatre objectifs à accomplir :– Photographier le document que vous trouverez dans le coffre ;– Récupérer un échantillon de composant chimique ;– Insérer le décodeur dans le système de radiocommunication ;– Injecter le virus dans la ligne téléphonique du bunker.Le bunker sera désert pendant 100 minutes, le temps d’un exercice d’évacuation. Seul un officier restera en poste. Attention à ne jamais croiser son chemin. »
Comment un escape game qui s’annonce déjà très immersif peut-il l’être encore plus ? En proposant un début d’aventure qui pousse le réalisme à son paroxysme : ici, pas question de se poser dans un canapé ou de passer aux toilettes avant le jeu. Vous serez immédiatement dans l’action et ne rencontrerez pas votre game master avant la partie. Un choix auquel nous adhérons totalement : encore une fois, sur le papier, cette « salle » a tout l’air d’être parfaite.
La réalité est toute autre : notre expérience fut très contrastée à plusieurs égards, à tel point que nous hésitons à vous conseiller cet escape game. Nous vous le conseillons malgré tout, et ce pour une seule raison.
Un game mastering très poussif
Nous ne vous conseillons pas cet escape game pour son game mastering. Notre maître du jeu était dans l’incapacité de prononcer deux mots d’anglais, alors que le site de l’enseigne est entièrement English-friendly et que nous avions demandé, deux mois auparavant lors de la réservation, à ne pas jouer en hongrois. Ainsi, lorsque nous avons joint l’enseigne par téléphone pour demander à ce qu’on nous ouvre le portail d’entrée qui était fermé, nous nous sommes fait raccrocher au nez à plusieurs reprises. Au bout du fil, un homme qui répétait en boucle : « No English, send email. » « OK Google, comment dit-on “ouvrez, nous sommes devant la porte” en hongrois ? » Imaginez quand il a fallu que cette même personne nous vienne en aide au cours du jeu par le biais de haut-parleurs…
Des énigmes laborieuses
Nous ne vous conseillons pas cet escape game pour ses énigmes non plus, malheureusement. En effet, le game design proposé n’est clairement pas à la hauteur du lieu dans lequel il s’inscrit. Dans ce bunker, vous trouverez beaucoup d’objets, de mécanismes, de machines, pourtant, souvent, il suffira simplement de trouver une clé pour avancer. Le jeu est ainsi principalement basé sur la fouille des lieux et, même s’il est tout de même composé de quelques manipulations, elles ne sont jamais vraiment fluides : pendant 100 minutes, nous avons souvent été dans l’incompréhension, à certains moments à cause de fausses pistes, à d’autres à cause d’éléments cassés. Nous avons régulièrement vécu de longues minutes de flottement qui ont fortement impacté le rythme de l’aventure.
Un scénario mis de côté dès le début du jeu
Nous ne vous conseillons pas cet escape game pour son scénario non plus. Envoyer un email de briefing qui expose quatre objectifs de mission est pourtant une idée géniale et prometteuse. Malheureusement, ces quatre objectifs sont très vite perdus de vue une fois dans le bunker. On progresse de pièce en pièce sans forcément comprendre les étapes que l’on franchit, et d’ailleurs l’une d’entre elles nous échappe encore complètement aujourd’hui.
Mais… une immersion exceptionnelle !
Il y a donc une seule raison pour laquelle nous vous conseillons cet escape game : pour l’immersion qu’il propose, une des meilleures que nous avons vécue à ce jour. Vous en prendrez plein les yeux dans cet immense bunker entièrement réservé à votre équipe, un lieu figé dans le temps qui rappelle les villes fantômes telles que la mythique Bodie, en Californie. Au bout de quelques minutes, nous ne savions plus bien si nous étions dans une escape room ou en pleine session d’urbex… On imagine facilement hommes et femmes circuler au sein de ces pièces bétonnées pendant la Guerre Froide, et les araignées que vous rencontrerez s’en souviennent d’ailleurs sûrement.
Vous explorerez dix larges pièces dans lesquelles vous serez libres de toucher à tout : aux instruments médicaux du dispensaire, à la lampe scialytique de la salle d’opération, aux machines de radiocommunication, aux lits du dortoir, aux ustensiles dans la cuisine… Si vous souhaitez vous faire une idée plus précise de ce qui vous attend, le site de l’enseigne héberge une galerie photos ici. Les dix salles sont, pour ne rien gâcher, joliment mise en valeur par des éclairages adaptés.
« Bunker Game » est donc plus une invitation à l’exploration qu’un escape game : n’y allez pas pour les énigmes ni pour le jeu lui-même, mais plutôt pour vous perdre dans un lieu chargé d’histoire. « Vous perdre », façon de parler, car toutes les dix minutes une sirène stressante vous rappelera à la réalité. Tic tac, tic tac…
Découvrez le teaser de « Bunker Game », tourné dans les différentes pièces du jeu :