Mission hantée

« Participez au futur de l’escape game, nous recherchons des sujets pour mener à bien nos expériences ! », annonce One Brain sur son site web. L’enseigne qui a ouvert en juin 2018 dans le centre de Lille se démarque en effet par son concept très méta : toujours accompagnés de Maia, l’intelligence artificielle qui régit l’établissement, les joueurs incarnent des sujets de test qui se sont portés volontaires au sein d’un centre de recherche sur les jeux d’évasion. Une sorte de mise en abîme très originale et intéressante, qui permet de revisiter des thèmes classiques sous un nouvel angle.

Ainsi, dans « Le cube », une salle que l’on pourrait classer dans la catégorie thématique « casse-têtes », il s’agit d'apprendre à l’IA les mécanismes rudimentaires de fonctionnement d’un escape game. Dans « Mission hantée », deuxième salle de One Brain, que nous avons découvert en juillet 2021 et qui exploite une thématique horrifique, vous testerez une room fraîchement créée par Maia… Sauf qu’un événement imprévu vient de se produire.

Le scénario

« Une bande de copains, un soir sans lune, une légende urbaine sordide. Chiche ? Notre superordinateur Maia vient de créer un nouveau scénario à tendance “frissons”. Votre but est simple et “sans danger” : le tester avant sa commercialisation. On dit que derrière cette porte, une horrible tragédie a eu lieu. Dans le local de cet escape game, l’équipe juste avant vous est entrée pour jouer mais n’en est jamais ressortie. Résolvez les énigmes du lieu du crime, retrouvez l’identité des victimes et faites la lumière sur ce massacre ! »

Évacuons tout de suite la question : « Mission hantée » est un escape game interdit aux moins de 16 ans à cause de « certains éléments graphiques explicites », précise One Brain, qui ajoute qu’il s’agit d’une « salle frisson plutôt que horreur », « jouant plus sur l’ambiance que sur les jump scares ». À aucun moment vous ne serez donc paralysé ou empêché par la peur car ce n’est jamais l’objectif de l’enseigne.

La salle propose globalement une très bonne immersion, notamment pendant l’une des parties du jeu aux décors, mobiliers et finitions soignés. L’ambiance y est sombre mais pas trop, et quelques effets de mise en scène déroutants et inquiétants vous attendent.

Une vraie rupture : deux escape games en un

En jouant « Mission hantée », vous aurez peut-être l’impression de découvrir deux aventures en une. En effet, la room se compose de deux parties très différentes articulées autour d’une vraie rupture.

La première est assez classique et c’est tout à fait logique car elle est censée avoir été créée par l’intelligence artificielle Maia. Les énigmes manquent un peu d’âme, elles sont très mécaniques et l’ensemble paraît un peu décousu. Sur ce point, notre sentiment est mitigé : il est certes complètement cohérent que les casse-têtes donnent l’impression d’avoir été générés de manière procédurale, mais force est de constater que nous ne les avons pas trouvés spécialement fun à résoudre. Ainsi, le rythme de cette séquence est relativement monotone, assez plan-plan et on n’y fait rien de très surprenant.

Mais c’est alors que survient un gros rebondissement permettant de faire toute la lumière sur les évènements qui se sont déroulés dans l’escape game juste avant notre entrée, et par la même occasion de secouer ce gameplay ronronnant.

Cette seconde partie est originale à plusieurs égards :

• Le scénario qu’elle dévoile est très inattendu. L’intrigue est à la fois glauque et drôle, très méta et maline. Elle est en plus amenée de manière simple mais très efficace, par l’intermédiaire d’un objet qui révèle une éclairante chronologie.
• Les énigmes qu’elle propose sont nettement plus intéressantes. Et pour cause, à ce stade ce n’est plus la machine qui a la main sur le jeu… Le gameplay change ainsi du tout au tout puisqu’à des énigmes très classiques et linéaires on s’attaque ici à une enquête entièrement parallélisable qui prend la forme d’un mini Cluedo. À vous d’être aussi observateur et perspicace que Sherlock Holmes afin de comprendre en détails ce qui s’est produit dans la salle. Au sein de cette séquence, une manipulation est particulièrement fun et marrante, et outre ces qualités elle permet de se plonger dans une atmosphère en adéquation avec le nom de la room.
  

Trois niveaux de difficulté au choix

One Brain propose trois niveaux de difficulté :

• Normal : « Pour les personnes qui débutent dans les escape games. »
• Intermédiaire : « Si vous connaissez déjà les atouts de chacun des membres, si vous avez une bonne communication et si vous avez déjà fait plusieurs parties ensemble avec succès. »
  
• Difficile : « Vous et votre équipe avez déjà poncé tous les escape games et jeux d’énigmes. »
  

Votre choix n’aura aucun impact sur « le nombre d’énigmes, ni le nombre d’indices. C’est la difficulté de résolution des énigmes elle-même qui augmente », développe l’enseigne lilloise. Ainsi, dans « Mission hantée », quelques casse-têtes sont modulés selon le niveau sélectionné afin de rendre la tâche plus simple ou au contraire plus ardue.

Nous avons joué cette salle en mode intermédiaire afin de découvrir l’expérience standard, et l’ensemble nous a paru assez fluide sous réserve d’être attentif à de minuscules détails auxquels nous n’avions pas prêté attention, et sans compter une énigme que nous n’avons pas trouvé spécialement bien ficelée.

L’une des marques de fabrique de One Brain, c’est qu’à l’issue de la session vous recevrez par mail un « rapport complet d’expérience ». Cette fiche de score comptabilise le nombre de points accumulés pendant le jeu, décortique vos temps de passage et liste les médailles et trophées cachés que vous aurez débloqués. Il compile aussi des statistiques qui vous permettront de vous comparer aux meilleures et pires équipes qui vous ont précédés. Une excellente idée !