L'aventure fantastique

« L’aventure fantastique » se présente comme un jeu « sur 600 m² avec des créatures, des épées en mousse et des trésors, entre escape game et théâtre immersif ». Il faut reconnaître que cette description lui va comme un gant et que, sur le papier, ce concept proposé dans le 20e arrondissement de Paris est extrêmement original. On s’imagine explorer un donjon de Zelda ou d’« Elden Ring », mais grandeur nature, avec des comédiens !

Jouable en groupe de huit personnes maximum, l’expérience prend la forme d’un parcours d’une durée de 60 minutes environ.

Le scénario

« Voyageurs d’entre les mondes, venez vite ! L’Œuf d’or est en danger ! Il faut le récupérer. Retrouvez-moi au 2, square des cardeurs à l’heure de votre réservation. Je compte sur vous. L’Enchanteresse. »

Guerrier, devin, mage… Six rôles à se répartir

Une fois sur place, il faudra d’emblée vous répartir les rôles. Parce qu’il est possible d’incarner six classes de personnage différentes, nous vous conseillons vivement de former une équipe de six aventuriers. Ce préambule est l’occasion de découvrir qui dans votre team se sent l’âme d’un ou une guerrière, qui est à l’aise dans les bottes d’un voleur… Archer, devin, mage, guérisseur… Il y en a pour tous les goûts, les styles et les accessoires ! Vous serez conduit dans un vestiaire où vous devrez vous équiper : chaque rôle possède des objets et une tenue spécifiques.

Précision importante : une équipe peut accueillir jusqu’à huit aventuriers et, si vous n’avez pas réservé les huit places disponibles, il est possible que vous jouiez avec une ou plusieurs autres personnes qui ont booké au même créneau que vous. Avec ce système rarissime en France, c’est quitte ou double : vous pouvez faire la connaissance de joueurs sympathiques avec qui vous vous entendrez parfaitement, ou tomber sur des gamins intenables, une famille qui se hurle dessus pendant toute la partie. Sans parler des « joueurs alpha », qui imposent leurs idées à tout bout de champ... Des situations qui peuvent rapidement ruiner une expérience, aussi excellente soit-elle. Nous n’avons fort heureusement coché aucune de ces cases : nous sommes venus à six et personne ne s’est joint à nous.

Un donjon et un dragon

Juste avant de vous équiper, vous serez invité à découvrir l’histoire dans laquelle vous êtes sur le point d’être projeté : lisez bien la frise prévue à cet effet car rien ne viendra vraiment la récapituler au cours du jeu ! Il s’agit d’un scénario médiéval fantastique assez classique, parfaitement adapté au contexte : un dragon, une enchanteresse, un œuf magique, deux forces antagonistes…

Il nous paraît d’autant plus important d’avoir l’intrigue en tête qu’une fois lancée, notre team a eu du mal à tout suivre, la faute notamment à quelques petits couacs : lors de notre test, deux personnages se sont contredits entre eux, le mégenrage d’une figure importante de l’histoire a rendu la narration confuse, et on nous a annoncé des péripéties qui ne sont jamais survenues…

À l’intrigue s’ajoutent quelques instructions spécifiques affichées dans le donjon, inscrites ici et là sur des documents que l’on déniche en fouillant, ou diffusées au sein de bandes-sons. Mais on gère tellement de petits points en parallèle, comme les règles de combat, celles de son rôle, les énigmes, l’identité des personnages et les missions qu’ils nous confient, tout en gardant un œil sur les facultés de nos équipiers, qu’il est difficile de tout appréhender et maîtriser en si peu de temps, et donc de profiter à 100%. Tout au long de l’heure, malgré le fait que nous soyons six, nous étions souvent dans l'incertitude. Ce personnage est-il hostile ? Qu’attend-il de nous déjà ? Peut-on le battre de manière classique ? 

Six comédiens tout au long du parcours

L’un des incontestables points forts de « L’aventure fantastique », ce sont ses acteurs et actrices, au nombre de six. Il est rare que l’on en rencontre autant durant une expérience vécue en si petit groupe ! Tous étaient très investis dans leur rôle. 

Le parcours est grand, et notamment la pièce finale, gigantesque. Même s’ils ne sont pas très détaillés et donnent souvent l’impression d’être faits de bric et de broc, les décors retranscrivent globalement assez bien l’idée d’un donjon aux pièces sombres et mystérieuses. On traverse différents lieux plus ou moins identifiés, avec des atmosphères propres. Quelques pièces proposent un aménagement original et intéressant, qui nécessite de grimper et crapahuter, ce qui ajoute à l’immersion.

Collectez le maximum de pièces

Sur le papier, les objectifs sont simples : survivre, accomplir votre mission et collecter le maximum de pièces d’or ! « Elles vous permettront d’acheter des artefacts, soudoyer des créatures, guérir vos blessures en échange d’une offrande », peut-on lire en ligne. Comment en gagner ? En fouillant et en résolvant des énigmes. Ces dernières sont la plupart du temps relativement basiques et passent par l’ouverture de cadenas, même si on croise malgré tout une poignée de manipulations très sympas. À plusieurs reprises, nous avons déverrouillé des mécanismes ou des coffres qui ne contenaient rien car le jeu n’avait sans doute pas été réinitialisé, ce qui est au mieux légèrement déconcertant, au pire très décevant. 

Les pièces d’or permettent aussi « d’améliorer votre personnage pour la prochaine aventure », annonce l’enseigne. Pour cela, les joueurs sont invités à télécharger une application mobile, à laquelle nous n’avons malheureusement pas réussi à nous connecter. Nous avons été bloqués au moment de créer notre username et un mot de passe : impossible de valider cette étape.

Sachez qu’il y a nettement plus d’énigmes et de mystères que vous n’aurez le temps d’en résoudre. Ce gameplay nous a donné exactement la même sensation que lorsqu’on avait testé « Celestial Chain » de Time Run, escape game londonien créé par Nick Moran, que l’on considère largement aujourd’hui comme le père du « pipeline game », autrement dit du « jeu en tunnel », ou « jeu en parcours » : parce qu’un autre groupe pourra prendre votre suite 15 minutes seulement après votre entrée, les game masters et comédiens sont les garants du timing et vous feront comprendre au moment voulu qu’il faut avancer. Vous devrez alors tout laisser tomber et pénétrer dans l’espace suivant. Vous n’aurez jamais la possibilité de faire demi-tour. Un principe qui peut être très frustrant.

Des combats à l’épée

Chacun de vous sera muni d’une arme. Une épée, un arc, une baguette magique… Parfois, vous n’aurez pas d’autre choix que de vous battre, ne serait-ce que pour vous défendre ! « Si un monstre vous touche, vous êtes blessé et hors de combat. Le guérisseur pourra soigner instantanément vos blessures contre des pièces d’or. Donnez au guérisseur une pièce d’or, glissez-en une autre dans sa relique, et après qu’il ait déclamé une formule magique, vous êtes guéri. » 

Cette règle s’inspire des jeux vidéo en multi comme « World of Warcraft » ou « Overwatch » par exemple. Sur le papier, on adhère ! Mais on s’est vite rendu compte que ce processus était selon nous trop lourd pour être réellement jouable et agréable dans la vraie vie. Lorsque nous avons été attaqués par un démon et son sbire qui, par surprise et en un seul coup de lame, ont mis notre archère et notre devineresse à terre, le réflexe de notre guérisseuse a bien sûr été avant tout de se défendre et d’essayer de repousser les ennemis : il est très difficile et contre-intuitif, dans cette situation, d’aller farfouiller dans sa besace pour en sortir des pièces.

Que retenir de « L’aventure fantastique » ?

« L’aventure fantastique » est un joyeux spectacle un peu brouillon pendant lequel on s’est bien amusé et on a beaucoup ri ! Le concept à lui seul est si original et divertissant qu’il nous a facilement embarqués. Le fait de venir à six et que tous les rôles soient incarnés a sans doute bien aidé, tout comme la présence de nombreux comédiens, qui rendent les lieux et l’aventure vivants. Cette expérience immersive présente à notre avis pas mal de défauts ici et là, et beaucoup de réglages sont d’après nous nécessaires pour que la mission soit totalement aboutie, mais avec sa base ludique inventive et son jeu novateur sans équivalent à notre connaissance en France, elle a de beaux arguments à faire valoir, que l’on ne regrette absolument pas d’être venu découvrir.